lundi 11 octobre 2010

31b - Vive la mariée (Actes I et II)

La suite promise du premier épisode, qui pour les retardataires se trouve

Acte I : Un léger souci

















[Cour d’immeuble, tables en plastique, chaises en plastique colorées surmontées de figurants colorés ; une chouette blanche tourne au-dessus des têtes. Les figurants sont en deux groupes – deux familles – qui se regardent mais ne se parlent pas. Ambiance recueillie. Au milieu de la cour, le père de la mariée et le représentant de son fiancé se font face. Leur visage est grave, comme il sied à la situation]

LE PERE (austère et solennel) : Je suis Papa Augustin, le chef de cette famille et le maître de cette maison. Qui es-tu ?
LE REPRESENTANT (avec humilité) : Salut à toi, Papa Augustin. Merci pour la parole et merci de ton accueil. Je suis Papa Onésiphore.
AUGUSTIN : Salut à toi, Papa Onésiphore. Tu viens chez moi, parmi les miens, sous mon toit. Que viens-tu faire ici ?
ONESIPHORE : Papa Augustin, je viens chercher ta fille pour la marier à mon fils Séraphin.
AUGUSTIN : Ma fille ? Ce n’est pas rien ! La connais-tu au moins, ma fille ?
ONESIPHORE : Euh, oui.
AUGUSTIN : Attends un peu.

[Il rentre dans l’immeuble. Léger brouhaha dans l’assistance. Il revient accompagné de toutes les filles de la maison, qui s’alignent au milieu de la cour devant Onésiphore]

AUGUSTIN : Papa Onésiphore, reconnais-tu ma fille Jolie parmi elles ?
ONESIPHORE (regarde attentivement) : Papa Augustin, je suis désolé mais je ne la vois pas ici.
AUGUSTIN (se frappant le front) : Ah ! Suis-je bête ! J’ai oublié de te prévenir : en fait, ma fille n’est pas là !

(Mouvements dans l’assistance. Quelques youyous isolés. Fin de l'acte I)

Acte II : A tout problème sa solution

















[Même décor qu’à l’acte un. Même ambiance et mêmes attitudes. Sur les genoux d’une des figurantes, un tout petit enfant s’est endormi]

ONESIPHORE (l’air surpris) : Jolie n’est pas là ! Mais alors, où est-elle ?
AUGUSTIN : Elle est au village, au fin fond de l’Equateur.
ONESIPHORE (véhément) : Mais ça ne va pas ! Il faut qu’elle vienne ici !
AUGUSTIN : Aucun problème ! Seulement…
ONESIPHORE : Seulement quoi ?
AUGUSTIN (l’air malin) : C’est qu’il faudrait lui payer le billet d’avion.
ONESIPHORE : Le billet d’avion ? Mais cela coûterait les yeux de la tête ! Vous avez le fleuve, là-bas en Equateur. Ne peut-elle pas venir en pirogue ?
AUGUSTIN : Bon, va pour la pirogue. Mais il faudra bien payer pour l’embarcation…
ONESIPHORE : Ca va, ça va, je paierai. Appelons-la !
AUGUSTIN : Attends, pas encore. Qui va pagayer ? Ma fille ? Pas question qu'une fleur délicate comme elle use ses mains sur le bois des rames. Il faudrait engager quelqu’un...
ONESIPHORE : Je paierai aussi cela. Pour l’ensemble je te donne 500 dollars
AUGUSTIN : Bon. A ce prix-là ça ne sera peut-être pas très confortable mais ça ira. Allons la chercher !

[Quelques femmes disparaissent dans la maison. Une musique préparée à l’avance sature les enceintes. A nouveau le tapis rouge de pagnes sur le sol, à nouveau le cortège des femmes qui attend la mariée en poussant des cris et en dansant. L’attente dure un tout petit peu plus qu’il ne serait nécessaire et l'excitation retombe légèrement. Des enfants apparaissent au balcon du premier étage de temps en temps pour faire signe à la l’assistance de patienter encore un peu. 

Enfin la mariée sort, vêtue d’une robe bleu sombre, tellement pailletée qu'on dirait une boule à facettes. Son expression de sérieux la ferait presque paraître triste. Trop montrer ses émotions n’est pas le genre de la maison. Autour d’elle, sous un léger crachin de billets de 500 francs, un tourbillon de gestes, de cris, de portables brandis pour prendre une photo alors qu’elle rejoint le représentant du marié et s’assoit finalement à côté de lui. Lent retour au calme. Fin de l’acte II]

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