Les orages kinois sont beaux et effrayants.
Leur approche est un spectacle qui ne s’oublie pas. La lumière passe en quelques instants de l’éclat aveuglant de la mi-journée à une noirceur de crépuscule. Le vent se lève en bourrasques violentes qui soulèvent haut dans le ciel les papiers gras de la rue. Puis les premières gouttes descendent lourdement sur les trottoirs en dessinant des petits ronds dans la poussière, et les gens se mettent à courir, et une odeur de béton mouillé monte dans l’air encore chaud.
Le tonnerre gronde comme les trompettes de l’apocalypse. Les éclairs crucifient la ville. La pluie est énorme et verticale. Elle arrête les transports, embouse les trottoirs, coupe le courant et complique tout le reste. Dans les quartiers où les câbles électriques mal entretenus pointent hors de terre, les gens qui mettent le pied dans la mauvaise flaque meurent électrocutés. Des maisons s’effondrent, des routes entières disparaissent sous l’eau brune. L’autre jour, passant en voiture dans une rue de Bandal, j’ai vu un type avec de l’eau jusqu’aux genoux retenir sa voiture contre le sens du courant pour l’empêcher de tomber sur le bas-côté. Sous la pluie diluvienne, adossé contre la portière, il attendait patiemment que le niveau baisse. A côté, les chauffeurs d’un poids lourd immobilisés sur la route lui tenaient compagnie – sans l’aider, mais ils étaient là.
La pluie kinoise est comme ça : elle met à nu l’infinie précarité de la vie dans la Cité. Elle fait pousser les imprévus, elle favorise les coups du sort. Elle déséquilibre ce qui est déjà instable, détruit ce qui a été rafistolé, tue ce qui est déjà mourant. C’est idiot, mais on ne peut s’empêcher de trouver cela un peu injuste.
Ce matin encore, un orage à goût de fin du monde est passé au-dessus du bureau. Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir, j’ai vu que mes collègues regardaient par la fenêtre, fascinés comme moi par cette débauche d’énergie absurde, par ces quantités d’eau fabuleuses, par ce boucan terrible. Nous étions tous, un instant, des gosses qui regardent tomber la pluie depuis leur salle de classe en rêvassant à autre chose. C’est chouette, la pluie.
Quand on est à l’abri.
Leur approche est un spectacle qui ne s’oublie pas. La lumière passe en quelques instants de l’éclat aveuglant de la mi-journée à une noirceur de crépuscule. Le vent se lève en bourrasques violentes qui soulèvent haut dans le ciel les papiers gras de la rue. Puis les premières gouttes descendent lourdement sur les trottoirs en dessinant des petits ronds dans la poussière, et les gens se mettent à courir, et une odeur de béton mouillé monte dans l’air encore chaud.
Le tonnerre gronde comme les trompettes de l’apocalypse. Les éclairs crucifient la ville. La pluie est énorme et verticale. Elle arrête les transports, embouse les trottoirs, coupe le courant et complique tout le reste. Dans les quartiers où les câbles électriques mal entretenus pointent hors de terre, les gens qui mettent le pied dans la mauvaise flaque meurent électrocutés. Des maisons s’effondrent, des routes entières disparaissent sous l’eau brune. L’autre jour, passant en voiture dans une rue de Bandal, j’ai vu un type avec de l’eau jusqu’aux genoux retenir sa voiture contre le sens du courant pour l’empêcher de tomber sur le bas-côté. Sous la pluie diluvienne, adossé contre la portière, il attendait patiemment que le niveau baisse. A côté, les chauffeurs d’un poids lourd immobilisés sur la route lui tenaient compagnie – sans l’aider, mais ils étaient là.
La pluie kinoise est comme ça : elle met à nu l’infinie précarité de la vie dans la Cité. Elle fait pousser les imprévus, elle favorise les coups du sort. Elle déséquilibre ce qui est déjà instable, détruit ce qui a été rafistolé, tue ce qui est déjà mourant. C’est idiot, mais on ne peut s’empêcher de trouver cela un peu injuste.
Ce matin encore, un orage à goût de fin du monde est passé au-dessus du bureau. Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir, j’ai vu que mes collègues regardaient par la fenêtre, fascinés comme moi par cette débauche d’énergie absurde, par ces quantités d’eau fabuleuses, par ce boucan terrible. Nous étions tous, un instant, des gosses qui regardent tomber la pluie depuis leur salle de classe en rêvassant à autre chose. C’est chouette, la pluie.
Quand on est à l’abri.
Comme disait Nougaro :
RépondreSupprimer"La pluie fait des claquettes
Sur le trottoir à minuit
Parfois je m'y arrête
Je l'admire, j'applaudis
Je suis son chapeau claque
Son queue-de-pie vertical
Son sourire de nacre
Sa pointure de cristal"
bon anniversaire !
RépondreSupprimerle 5/02/2010 tu mettais en ligne ta première publication......un an de bonheur à te lire.
Merci